Manon Champier et les figures d'Athéna au XIXe siècle
Elle s'appelle Manon Champier mais il est probable que vous la connaissiez plutôt sous son nom de "youtubeuse" : Manon Bril. Rencontre avec une championne de la vulgarisation scientifique passionnée d'histoire.
Elle s'appelle Manon Champier mais il est probable que vous la connaissiez plutôt sous son nom de youtubeuse : Manon Bril. Qu'on ne se laisse pas abuser par ce pseudonyme marqué au coin de l'humour potache. C'est une thèse en histoire contemporaine très sérieuse que Manon a signé l'année dernière parallèlement à ses débuts remarqués dans la vulgarisation scientifique.
"Dis-moi comment tu reprends la figure d'Athéna, je te dirai quel régime politique tu es." C'est un peu, en forçant le trait, de cette façon que l'on pourrait résumer la thèse de Manon Champier, qui s'inscrit dans la lignée des travaux de recherche qui explorent la réception de l'Antiquité au XIXe siècle, féru de culture grecque antique.
La thèse de Manon couvre une période qui va de 1789 à 1914. Autant dire un immense champ de recherche, d'autant que la figure d'Athéna est reprise sous un très grand nombre de formes (sceaux, monnaies, statues, etc.) par chacun des nombreux régimes politiques qui se succèdent tout au long de cette période. C'est cette façon de réutiliser Athéna qui est au cœur du travail de Manon Champier.
Car, contrairement à d'autres représentations tirées de la mythologie grecque, Athéna, à la fois déesse de la sagesse et de la guerre, se prête bien à des relectures différentes faites par des régimes politiques neufs qui cherchent chacun à leur tour à exploiter les attributs de la déesse au service de leur propre légitimation.
"Chacune des trois Républiques qui se succèdent au XIXe siècle se réapproprie à sa façon la figure d'Athéna" explique Manon. "Par exemple, les promoteurs de Deuxième République ne reprennent pas le symbole révolutionnaire de l'image de la femme au bonnet phrygien. Si on lui préfère Athéna, c'est qu'elle est un symbole qui, tout en restant républicain, paraît moins séditieux ."
Médiation scientifique
Si c'est la recherche qui motive Manon à commencer une thèse, c'est la communication scientifique qui, à l'issue de son doctorat, la passionne. Et c'est de cette passion dont elle a fait, aujourd'hui, son métier. Après une participation au concours "Ma Thèse en 180 Secondes" qui révèle à ses propres yeux son potentiel et son appétence pour la vulgarisation scientifique, elle lance C'est une autre histoire sur YouTube. Si, comme nous, vous êtes fan de ses vidéos, vous pouvez soutenir son travail sur son Tipeee et, bien sûr, vous abonner à sa chaîne. Et suivez-nous sur Instagram pour découvrir quelques contenus inédits enregistrés au moment de l'interview de Manon !
Cette interview a été réalisée le 24 septembre 2018.