Le jour où, ma thèse en SHS sous le bras, j'ai quitté la voie académique

Quitter la voie académique et renoncer à enseigner à l'université et à faire de la recherche publique pour, finalement, rejoindre une entreprise privée quand on est docteur en SHS : trahison ou raison ? 7e épisode PhDLife, le podcast des jeunes chercheurs.

La diminution continue du nombre de postes permanents dans l’enseignement supérieur et la recherche publique conduit doctorants et jeunes docteurs en SHS à s’interroger : faut-il, coûte que coûte, poursuivre dans la voie académique ? Ou bien faut-il essayer de tracer son chemin à l’extérieur : dans le privé, dans le monde associatif, dans les entreprises publiques ? Si oui, comment faire ? Le prix à payer est-il un renoncement complet à une thématique de recherche pour laquelle on s’est passionné pendant des années ?

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C'est cette question qui est au coeur du septième épisode de PhDLife. On en parle avec trois invités : Kimia Ferdows-Tournois, responsable des études chez InProcess, docteure en sociologie et ethnologie diplômée de l'université de Paris Nanterre ; Tiffany Morisseau, diplômée de l’école de commerce Audencia Nantes, docteure en psychologie cognitive chercheur en psychologie cognitive, responsable du pôle Sciences Humaines au sein de Strane Innovation et Vincent Mignotte, directeur de l’association Bernard Gregory.

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Le verbatim ci-dessous est une retranscription éditée de l'interview.

Mathieu Rouault : Tiffany Morisseau, aujourd'hui, quel regard portez-vous sur votre thèse ?

Tiffany Morisseau : J'ai adoré ! J'ai fait ma thèse en quatre ans et je n'imaginais pas du tout être un jour dans une start-up en innovation. Ce n'était pas du tout moi. J'ai fait ma thèse pour faire de la recherche et je garde encore un pied vraiment important dans la recherche. Cela continue de faire partie de mon activité principale.

Margot Brunet : Justement, comment arrivez-vous à lier cette activité de recherche et votre activité au sein de votre entreprise ?

Tiffany Morisseau : C'est une entreprise un peu particulière : son activité, c'est l'exploitation d'innovation dans le cadre de projets de recherche européens. Notre métier consiste à exploiter les innovations qui développées dans le cadre de projets de recherche qui durent en moyenne trois ou quatre ans, et de faire en sorte que ces technologies voient le jour et aient un impact au-delà des projets. Quand je suis arrivée il y a un an, en janvier 2019, j'ai proposé à mon patron de développer notre propre pôle de recherche, non plus simplement pour développer les exploitations des autres, mais pour proposer notre propre recherche en innovation sociale. Je fais à présent davantage de psychologie appliquée à des problématiques, notamment sur le thème de la confiance, par exemple sur la confiance dans les experts, dans la technologie. Comment faire en sorte que les opérateurs dans des grandes entreprises acceptent les innovations qu'on leur propose ?

Mathieu Rouault : Entre le thème de votre thèse et ce que vous faites aujourd'hui, y a-t-il une continuité ?

Kimia Ferdows-Tournois : Ma thèse continue de vivre aujourd'hui. Les designers, c'était mon objet de recherche et, aujourd'hui, je travaille avec eux. Je me suis intéressée à cette question de comment est ce qu'on devient designer ? Quelles sont leurs compétences ? Comment est ce qu'ils s'insèrent sur le marché ? Cétait une thèse Cifre que j'ai menée dans le cadre de l'APCI, une agence qui œuvre pour la promotion du design en France et à l'étranger. La thèse m'a vraiment permis de comprendre leur langage, leurs codes et de pouvoir justement m'intégrer dans cette équipe avec en parlant le même langage.

Mathieu Rouault :Ce n'est peut être pas toujours si simple. Vincent Mignotte, dans le cadre de l'ABG, rencontrez-vous beaucoup des jeunes chercheurs en SHS qui vous expriment une forme de mal-être, d'indécision en ce qui concerne l'après-thèse ?

Nous voyons de plus en plus doctorants et docteurs en SHS. Ils représentent aujourd'hui 15 % des personnes qui viennent nous voir pour être accompagnées. ~ Vincent Mignotte

Vincent Mignotte : Ce n'est pas toujours le cas ! Certes, certains doctorants et jeunes docteurs traversent parfois une situation de malaise ou d'incertitude. Mais, heureusement, elle ne dure pas nécessairement très longtemps. Notre rôle est de les aider à y voir plus clair, par des actions de formation, par du coaching, par de l'accompagnement sous différentes formes, mais aussi par de l'information sur notre site, sur les réseaux sociaux. Les doctorants en SHS font partie des personnes auxquelles nous nous intéressons. À l'origine, l'ABG a été créée par des physiciens, nous nous sommes d'abord intéressés aux sciences dures. Mais, du côté des sciences humaines et sociales, dans toute leur diversité, nous voyons de plus en plus de doctorants et docteurs en SHS. Ils représentent aujourd'hui 15 % des personnes qui nous consultent pour être accompagnées.

Mathieu Rouault : Est-ce beaucoup, ou peu, compte tenu des besoins qu'il peut y avoir?

Vincent Mignotte : Oui, le besoin est immense. Mais c'est une croissance continue, c'est aussi la récompense de nos efforts, peut-être, et la constatation que les choses changent du côté des sciences humaines et sociales. Le clivage qui a existé entre le monde académique et les entreprises est en train de diminuer.

Margot Brunet : A quel moment de votre carrière avez-vous décidé de rejoindre une entreprise ? Vous nous disiez que vous avez obtenu votre thèse dans le cadre d'une convention Cifre. Est-ce que ce type de convention n'est pas une sorte de passeport pour l'embauche dans une entreprise ?

Tiffany Morisseau : J'ai enchaîné après ma thèse sur un doctorat à Budapest pendant deux ans avec Dan Sperber, un anthropologue cognitiviste. C'était une recherche vraiment très fondamentale. Je suis rentrée à Paris pour des raisons familiales. J'attendais une petite fille et je voulais rester à Paris. Autant c'est assez facile, si on est assez flexible en Europe ou à l'étranger, de trouver un post-doc dans des disciplines que l'on vise, autant c'est plus compliqué si on a une exigence géographique précise. Ce qui m'intéressait, c'était de continuer mes recherches dans mon domaine, peu importe le vecteur. Je voulais avant tout continuer de collaborer avec mes collègues en sciences cognitives, continuer à écrire, à publier, à participer à des protocoles expérimentaux. Strane Innovation était intéressé par cette compétence qui permettait de nourrir aussi le reste de l'entreprise. Ils m'ont offert sur un plateau un poste sur mesure en me proposant de créer un pôle de recherche chez eux.

Mathieu Rouault : Après avoir investi de tant de temps dans une recherche qui vous passionnait, n'avez-vous pas hésité ? Ne vous êtes vous pas dit que vous trahissiez quelque chose ? Et quel a été le regard de vos proches et vos collègues au moment où vous avez fait le choix de quitter la voie académique ?

Tiffany Morisseau : J'ai eu, entre guillemets, à me justifier sur mon choix. Ce n'était pas une honte, mais je me suis trouvée à expliquer comment j'allais pouvoir continuer mes recherches et à expliquer le contexte de Strane Innovation, très particulier. Mais j'ai toujours gardé un lien avec la dizaine de collègues avec qui je collabore. Et finalement, ça s'est bien passé : je travaille à Paris une fois par semaine, je vais à l'ENS ou au CRI. On n'a jamais rompu ce lien-là.

Mathieu Rouault : Kimia Ferdoz, l'histoire est-elle aussi aussi bien écrite de votre côté, où y a-t-il eu des hésitations ?

Kimia Ferdows-Tournois : Oui, il y en a eu plusieurs ! Pour moi, cela s'est joué avant la thèse Cifre, au niveau de mon master de recherche. De par mon sujet de recherche, j'ai été amenée à réaliser un stage d'observation en master dans une agence d'innovation. J'en ai appelé une centaine, une seule m'a répondu. C'était une démarche difficile, qui n'était pas tellement comprise par mon laboratoire de recherche. Mon arrivée dans l'agence a été déterminante pour la suite de ma carrière. Je n'envisageais pas de faire de la recherche en dehors du milieu académique. Pour moi, c'était la seule voie où l'anthropologie pouvait s'exprimer. Au fur et à mesure, les équipes m'intégraient dans leurs réunions, m'emmenaient voir le client, me faisaient participer à leurs ateliers de réflexion et, à ma grandre surprise, me demandaient mon avis, quelle méthodologie je pourrais mettre en place, comment est ce que j'apprendrai à leur place le sujet ? Je me suis senti utile !

Mathieu Rouault : Quand on est jeune chercheur, on a parfois cette sensation de devoir abandonner quelque chose en rentrant dans une entreprise. Cette crainte vient-elle d'une méconnaissance du milieu de l'entreprise ?

Vincent Mignotte : Oui, c'est tout à fait ça. C'est la méconnaissance qui est angoissante. Ce n'est pas qu'en sciences humaines et sociales, c'est vrai pour d'autres doctorants dans des disciplines dites dures. Faire du réseau, rencontrer des gens, venir à des événements comme celui de ce soir, c'est extrêmement important pour sortir du cadre strict du laboratoire et voir ce qui se fait à l'extérieur. Les témoignages de Kimia et de Tiffany sont assez représentatifs de beaucoup de personnes qui, une fois franchi le pas, se rendent compte que c'était tout à fait réalisable et ne regrettent pas le chemin parcouru.

Mathieu Rouault : A quelles conditions ne regrette-t-on pas le chemin parcouru ? Qu'est-ce qu'il faut prendre en compte pour que le passage de l'académique à l'entreprise se fasse sereinement ? Travaille-t-on par exemple de la même façon ?

Tiffany Morisseau : C'est vrai, on ne travaille pas du tout de la même façon. Pouvoir conserver une activité de recherche fondamentale a été pour moi une condition pour rejoindre l'entreprise. Une entreprise ne paiera pas un chercheur pour faire un travail académique fondamental mais pour développer une activité qu'elle peut vendre. A mon sens, ce n'est pas du tout incompatible, on peut faire de la recherche fondamentale et produire des travaux pour une entreprises et ses clients... mais ce n'est pas automatique !

Mathieu Rouault : Quel temps consacrez-vous réellement à la recherche fondamentale au sein de votre entreprise ?

Tiffany Morisseau : J'essaye d'y consacrer au moins la moitié de mon temps. J'y suis aidée par les projets européens H2020, qui sont des programmes de l'Union européenne qui permettent d'ouvrir la recherche à des acteurs privés. Ces programmes me permettent d'intégrer des consortiums de recherche pour développer une activité et qui sont rémunérées sur des projest d'une durée de 3 ou 4 ans.

Mathieu Rouault : A quoi consacrez-vous les 50% restant ?

Tiffany Morisseau : Proposer des outils issus des sciences cognitives pour améliorer, par exemple, la confiance des opérateurs dans des solutions de robots. Accompagner des entreprises dans l'industrie automobile. Faire du consulting pour des entreprises en utilisant les outils de la psychologie cognitive. C'est un rythme de recherche différent, avec plus de dates, d'attentes, de publications. Si l'on veut, à côté de ces tâches et de ces livrables, continuer à travailler avec le monde académique, en publiant, en enseignant, il faut que ce soit bien clair avec l'employeur dès le départ.

Kimia Ferdows-Tournois : Mon vécu n'est pas le même, je ne continue pas la recherche en terme académique... et, en fait, cette dichotomoe me dérange. Est ce qu'on renonce ? Est-ce qu'on trahit ? Les docteurs en sciences humaines peuvent peuvent réconcilier les deux. C'est ce que j'essaye de faire tous les jours chez InProcess. Nous sommes le trait-d'union entre le monde académique et l'entreprise. Je ne me sens pas exclue ou inclue. Je viens des deux horizons. Il faut avoir cette posture là de confiance lorsqu'on cherche à intégrer une entreprise. On ne renoncer à rien, au contraire.

Margot Brunet : Vincent Mignotte, les doctorants SHS que vous accompagnez craignent-ils de devoir abandonner complètement leurs activités de recherche en rejoignant une entreprise ?

Vincent Mignotte : C'est une crainte qui est très largement partagée, par peur de l'inconnu. Il est pourtant possible d'exercer son intelligence, son esprit critique, son esprit d'innovation et sa créativité dans plein d'autres métiers que la recherche. Très souvent, on s'aperçoit que le regard du chercheur peut être transposable, même quand on ne fait plus de recherche.

Mathieu Rouault : Qu'est-ce que les entreprises que vous rencontrez et qui, parfois, embauchent des docteurs en SHS, vous disent des qualités de ces derniers ?

Vincent Mignotte : La capacité à se poser de nouvelles questions, à envisager les problèmes sous un jour complètement nouveau. Ils apportent leur regard sur la société en particulier, que l'entreprise n'a pas forcément parce qu'elle est dans le court terme, dans un tourbillon permanent. Ce recul, l'entreprise a besoin des docteurs pour l'avoir très souvent.

Mathieu Rouault : Quelles sont les qualités acquises au gré de votre doctorat et que vous avez l'impression de mobiliser aujourd'hui au quotidien ?

Kimia Ferdows-Tournois : Si je me remets à la place d'un docteur en SHS qui cherche à rejoindre une entreprise, et qui doit convaincre un recruteur, c'est la méthodologie qu'incarnent les sciences humaines et sociales, les protocoles scientifiques qu'on met en place pour mettre du sens dans ce qu'on fait. Au démarrage d'un projet dans un entreprise, l'apport essentiel d'un profil en sciences humaines, c'est de mettre du sens. Qu'est ce que ça apporte comme science pour l'homme, ce qu'on est en train de faire ici ? Ce regard, cette prise de hauteur, c'est ça qui est extrêmement précieux pour les entreprises et qu'on n'apporte par exemple par des méthodes d'observations. Ce sont des outils qu'on met en place qui intéressent fortement les entreprises.

Margot Brunet : Kimia, que répondez-vous à quelqu'un qui dirait que vous auriez peut-être réussi à faire ce métier, même sans avoir fait de thèse en SHS ?

Kimia Ferdows-Tournois : C'est une bonne question. Je suis persuadée qu'on n'est pas obligé de passer par la case thèse pour exercer le métier d'anthropologue dans une entreprise. Néanmoins, dans la formation que l'on a à l'université, on est très coupé de l'entreprise. Les entreprises ne viennent pas, on ne va pas voir. J'étais la seule de ma promotion à faire un stage en entreprise pendant ma thèse Cifre. La thèse Cifre a bouleversé la vision que je pouvais avoir alors de mon métier. En cela, la thèse m'a aidée à faire le métier que j'occupe aujourd'hui.

Mathieu Rouault : Vincent Mignotte, que vous disent les docteurs en SHS que vous retrouvez, quelques années après, en entreprise ? Utilisent-ils beaucoup des compétences acquises lors de leur doctorat ?

Vincent Mignotte : La question des compétences développées dans le doctorat n'est pas nécessairement ce dont les gens nous parlent en premier. Ils parlent de leur thèse très souvent comme une expérience initiatique, conduite de bout en bout sans savoir, au moment où ils l'ont entreprise, où elle allait les mener. Ils sont très fiers à la fin d'être allés au bout, car personne ne les y obligeait à arriver au bout. Contrairement aux doctorants en sciences expérimentales ou en sciences dites "dures", vous ne faites partie d'un laboratoire. Vous êtes le seul pilote. C'est extrêmement formateur. Cela vous donne une capacité très grande à aller proposer des idées à une entreprise ou à créer votre propre activité.

Mathieu Rouault : Pour terminer, quels conseils pratiques pourrait-on donner à celles et ceux qui nous écoutent en ce qui concerne l'idée de rejoindre ou non une entreprise et de quitter la voie académique ?

Kimia Ferdows-Tournois : Savoir se présenter. Lorsque j'ai commencé à me présenter à des recruteurs, je parlais beaucoup des sujets de recherche et des courants sociologiques qui me passionnaient. Une discussion avec un directeur d'agence d'innovation m'a fait prendre conscience que je ne donnais pas la priorité, dans la présentation de mon parcours, aux informations qui pourraient résonner aux oreilles de mes recruteurs potentiels : il était plus fécond, pour nouer un dialogue, de parler des méthodologies et des protocoles scientifiques que j'avais utilisés. Car c'est cela qui allait servir de trait-d'union entre la recherche et l'entreprise.

Tiffany Morisseau : Je donnerais surtout comme conseil de bien réfléchir à ce qu'on veut faire. Est-ce qu'on veut réfléchir sur des problématiques ? Lesquelles ? Est-ce que l'on veut enseigner ? Est-ce qu'on veut lire beaucoup de publications fondamentales sur la vie, la psychologie humaine ? Sachant que l'enseignement et la recherche peuvent être aussi compatibles dans une entreprise. Fnalement, l'expérience de chercheurs qui sont dans des entreprises qui travaillent dans des entreprises est extrêmement précieuse pour la recherche elle-même. L'entreprise peut être un terrain extraordinaire pour des anthropologues, pour des chercheurs en psychologie cognitive, etc. C'est encore une autre façon de conserver un lien entre les deux.

Mathieu Rouault : Vincent Mignotte, un petit conseil final ?

Vincent Mignotte : Être ouvert. Les sciences humaines et sociales avaient tendance à rester un peu à distance des entreprises. Les choses changent très vite, nous l'observons à l'ABG. Les doctorants et docteurs en SHS représentent 50% des doctorants et des docteurs que nous accompagnons sur le long terme, par des ateliers répétés et des coachings. Cela signifie pour nous que ce besoin d'accompagnement est plus profond, peut-être, que pour les docteurs en sciences expérimentales. Les docteurs en SHS ont peut-être besoin de plus de temps pour arriver à faire un bilan de leurs compétences, de leurs envies, de leur valeurs. Il faut donc prendre son temps. Ce n'est pas toujours facile, de prendre du temps, parce quiil faut aussi continuer à remplir le frigo. Pourtant, il ne faut pas avoir peur de cette réflexion de fond. Très souvent, elle peut déboucher sur de belles choses.

Mathieu Rouault : Ce sera le mot de la fin. Merci à vous trois !


On est preneur de vos retours au sujet de PhDLife et de cet épisode en particulier. Vous l'avez aimé ? Pas aimé du tout ? Faites-nous un retour en nous écrivant à hello[at]grandlabo.com, ça nous sera vraiment précieux pour améliorer le podcast.


Cet épisode a été enregistré le 5 mars dernier, à l’occasion de l’AfterWork SHS organisé par l’ABG à l’agence InProcess, en partenariat avec l’association Les Cartésiens et Humanitudes.